— 11. 03. 2024
— 11. 03. 2024

Maxime Paul – Du duo au solo “Je ne suis pas un super-héro”

Maxime Paul – Du duo au solo “Je ne suis pas un super-héro”

Après une première participation réussie en 2022 en double avec son père, Maxime Paul s’engage à nouveau sur la Cap-Martinique, mais en solo cette fois-ci. Retour sur ses expériences passées et ses objectifs pour les défis à venir.

Cap-Martinique : Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, peux-tu te présenter brièvement ?

Maxime : Je m’appelle Maxime, j’ai 29 ans et j’ai grandi en région parisienne, derrière Versailles. J’ai commencé la voile sur les lacs en région parisienne, notamment à Saint-Quentin-en-Yvelines. Je travaille dans une société commerciale à Paris et le bateau est basé à La Rochelle.

C-M : Depuis combien de temps navigues-tu ?

Maxime : J’ai commencé en troisième ou en seconde, ça doit faire plus de quinze ans. J’ai commencé par du laser pendant 5 ans et ensuite je suis parti étudier à Angers. Je n’avais pas le permis, pas de voiture, donc je ne pouvais pas tracter mon laser. 

À partir de là, nous n’avons fait que de la course hauturière ou au large en double avec mon père. Désormais je suis rentré dans un cycle en solo pour la Cap-Martinique.

C-M : C’est la deuxième fois que tu participes à la Cap-Martinique : la dernière fois en duo et cette année en solo. Que retiens-tu de la première édition ?

Maxime : Ça c’est super bien passé, j’en garde des souvenirs très positifs ! Vivre une telle expérience avec son père, ce n’est pas donné à tout le monde, ça marque. Le résultat est bon, malgré la pénalité, on a fini 6è au classement. On a été contraints d’ouvrir un bidon d’eau parce qu’on en n’avait plus à bord, c’était un peu chaud à la fin. 

Du reste, tout s’est super bien passé :on a mis le spi en passant Belle-Île, et on l’a enlevé en Martinique. Si je grossis le trait et si j’enlève le passage du cap Finisterre où on a eu beaucoup d’air et où on était sans spi, ça s’est bien passé. La course est passée super vite, mine de rien. Nous n’avions jamais imaginé traverser l’Atlantique en 21 jours et finalement, on l’a fait. Que du positif, franchement !

C-M : Cette transatlantique sera-t-elle ta première en solo ?

Maxime : Absolument, je n’ai pas fait énormément de solo. J’ai participé à la 45/5 en avril à La Rochelle, et à la Cap 300 cet été à Arzon. C’était le même programme : deux fois 48 heures, deux fois deux jours en mer. C’est sûr que ce sera une nouvelle étape importante. Je visualise déjà les étapes : le passage du cap Finisterre, le passage de Madère. Quand tu passes Madère, tu pars pour deux semaines complètes de traversée, et mentalement, il faut s’y préparer. Quand tu es à deux, tu vis le moment, tu discutes, il n’y a pas de problème. Mais quand tu es tout seul, c’est différent. J’ignore comment ça va se passer. Je commence déjà à visualiser la situation et l’état d’esprit dans lequel je serai. Ensuite, on va le découvrir sur le moment !

C-M : Ça ne te fait pas trop peur ?

Maxime : Non, pas forcément, ce n’est pas de la peur, c’est de l’impatience et l’envie de voir. Je me fais plutôt confiance sur cette partie-là !

C-M : Cette année, quel est ton objectif ?

Maxime : Comme je pars en solo et que je n’en ai jamais fait sur une si longue distance, j’ai pour ambition de finir. Ensuite, je vais respecter mes méthodes, c’est-à-dire naviguer proprement. Je ne fais pas des choses de dingue, je ne suis pas un super-héros. Le but est d’essayer d’aller vite tout le temps, et si j’évite les bêtises, normalement je serai plutôt pas mal. Je n’ai pas d’ambitions mal placées, clairement. C’est vraiment un challenge qui n’a rien à voir avec quand on était en double. En double, on avait une répartition où moi je me concentrais surtout sur la performance et la vitesse du bateau, tandis que mon père gérait tout le reste, toutes les petites tâches… Sur une transatlantique, chaque tâche est très importante : la vie à bord, les bricoles… Désormais, il faut que je sois capable de tout assumer. Je mènerai pas le bateau comme en double, avec la pédale à fond non-stop. Ce n’est pas du tout la même manière de naviguer. C’est pour ça qu’il n’y a pas de mauvaises ambitions. Déjà, arriver de l’autre côté et retrouver tout le monde de l’autre côté, c’est carrément l’objectif.

C-M : Comment gères-tu ton emploi du temps au quotidien entre ton métier et les entraînements ?

Maxime : Le groupe de La Rochelle, où nous sommes une quarantaine de bateaux, se concentre sur le solo et le double lors des entraînements d’hiver, qui ont lieu une fois par mois. Pendant trois jours, nous nous retrouvons avec tous les copains, et il y a un mélange de navigation ainsi qu’une série d’intervenants pour évoquer des sujets tels que la météo, le sommeil, etc. Le but est d’anticiper un maximum de situations rencontrées en mer, et ces programmes méritent d’être encouragés car le niveau est très bon. Dans les classements, on retrouve souvent des gens de La Rochelle pas trop loin du podium, voire sur le podium. L’effervescence de réunir tout le monde autour de la table est plutôt vertueuse, et mine de rien, La Rochelle est à seulement deux heures en train. Je prends un train le jeudi soir et je suis là-bas, c’est accessible. C’est sûr que cela demande des sacrifices et il faut refuser un certain nombre de sorties. La voile prime clairement sur tout le reste sinon mon niveau ne sera pas à la hauteur.

C-M : Tu soutiens l’EPHAD Sainte Bernadette, pourquoi avoir choisi cette cause ?

Maxime : C’est un Ehpad où nos aïeuls ont séjourné et auquel nous avons une attache particulière. Les choses se sont construites au moment du Covid. L’idée du projet est d’intégrer cette histoire de la mer dans leur quotidien. Cela a énormément de valeur. Ça passe par des ateliers de peinture ou autres, en les associant à un bateau qui les représente, et cela change énormément de choses pour eux. Quand nous le pouvons, nous amenons le bateau à Roscoff, qui est le port juste à côté de l’Ehpad. Typiquement, cet été, nous y avons amené le bateau et les résidents dont la mobilité était suffisante y sont allés pour faire un petit tour. Certains résidents sont même montés à bord !

C’était intéressant car l’un des résidents était un ancien de la marine ou alors avait travaillé dans la marine marchande. Bien qu’il ait une mobilité limitée sur les pontons, quand il est monté sur le bateau, il a descendu les trois marches tout droit, ça lui a rappelé un automatisme. C’est hyper vertueux pour eux aussi. Nous les avions appelés par satellite l’année dernière et nous les avions vus en visio à l’arrivée. L’idée est de passer les voir une, deux, trois fois par an. Nous essayons d’avoir une présence, même si entre Paris, La Rochelle et Roscoff, cela fait un gros triangle. Nous ne pouvons pas y être tous les week-ends, c’est clair, mais entretenir cette relation avec la direction qui relaie les messages au personnel pour toutes les animations, ça donne beaucoup de grain à moudre, et c’est le but de la démarche.

PARTAGER L’ARTICLE

+ d’actualités

  • — 26. 04. 2024

    Fatigue amongst the sailors, wear and tear on the boats and bracing conditions have all coloured the past 24 hours of racing in the Cap-Martinique. Whilst the fleet is [...]