— 28. 04. 2024
— 28. 04. 2024

Les mots du bord 28/04

PHILIPPE TRIEM – Pour un sourire d’enfant

Avant et après on règle les voiles, le pilote, on ajuste, on pinaille, ou pas, selon l’humeur, le mental, la position, son envie.
Coté réparation, j’ai épuisé tous les kits md de réparations voile, la déchirure, que dis-je, plutôt la déchiqueture du génois le long de la bordure était de plus de 2 mètres.
Comment est ce possible me direz-vous, ce n’est pas commun de déchirer un génois de la sorte… c’est rare mais ça arrive. En un mot je pourrais dire c’est la faute au chaumard !
Le chaumard est un objet métallique qui a la même fonction qu’une bitte d’amarrage, je vois que votre œil s’allume. Même fonction, en général en T autour du quel on fait des 8 pour amarrer un bateau.
La nuit où j’ai perdu mon spi qui a explosé, après réflexion, faute à ma réparation qui n’a pas tenu, et après avoir récupéré les bouts du spi dans l’eau exténué par ce chalutage, j’ai tangonéé mon génois et lors de cette manœuvre, ma voile s’est prise dans le chaumard qui l’a transpercée et je ne l’ai pas vu… pourquoi… et bien parce que !
J’ai donc tangonné le génois qui a passé sa nuit pris dans le chaumard et s’est déchiré tranquillement au gré du vent, si je puis dire.
Bref 4 heures à recoller les morceaux, c’est fait !
C’est pour ce type d’incident qu’ont été conçus les chaumards rétractables, qui équipent Blue skies par exemple.
Retour dans la course, avec un groupe de tête et un deuxième qui suit dans lequel je me trouve… pour le moment c’est relativement simple, le sujet arrive dans quelques jours… comment sera la molle ?

AMAURY DUMORTIER & GEOFFREY THIRIEZ – Terre d’enfants sur l’Atlantique

On passe par où?

La nuit dernière a été excellente, sous S2 toute la nuit avec un vent entre 23/26 noeuds, nous avons réussi à maintenir une bonne moyenne. Au matin même surprise le vent se maintient, assez soutenu, alors que nous pensions le voir faiblir plus rapidement. Nous parvenons a éviter 2 grains à la faveur d’empannages. Puis nous suivons en ligne quasi directe, l’orthodromie. La distance à l’arrivée se réduit et cela fait plaisir. Vers le milieu d’après midi un énorme grain nous cueille, 30 noeuds, 30° de rotation et des flots d’eau. On en profite pour se passer du savon sous l’eau douce.

Même si la course se passe très bien pour le moment nous sommes malgré tout pendus au téléchargement des fichiers météo pour essayer de comprendre la route à suivre à partir de mardi: Nord? Directe? Sud? Tous les choix semblent possibles à ce stade pour franchir cette zone sans vent…

VICTOR & OSCAR GERIN – Planète Urgence

Ici Oscar et Victor, pour la vacation à … Mi-Parcours!
Nous avons franchi la moitié du chemin à parcourir hier en fin de journée, quelle étape !

Après un passage du Gascogne musclé et la porte de Madère, nous voilà bel et bien dans les alizés. Soleil, grains, poissons-volants, surfs à n’en plus finir. Quel bonheur.

Nous évoluons toujours entre la 20ème et la 25ème place au classement général, nous donnons tout pour rester dans le peloton. Il est parfois difficile de placer le curseur entre l’endurance et la vitesse, l’objectif premier étant d’arriver à Fort-de-France en bon état. La route est encore longue.

Quelle aventure, cela fait maintenant une semaine que nous n’avons vu ni bateau, ni terre… Nous nous savons pour autant entourés de concurrents.
Nous sommes heureux, la mer est belle, le bateau glisse en pleine forme, la cuisine est toujours au top, la musique aussi ( Cat Stevens actuellement sur radio Planète Urgence).

Le départ de la Trinité-sur-mer et ces dernières accolades nous semblent déjà lointains, nous avons les yeux rivés sur la Martinique, les routages nous donnent 12 jours.

A très vite,

JEROME APOLDA & STEPHANE AYRAULT – Echo Mer

Bonjour à tous,

Ce matin nous prenons notre petit déjeuner au soleil en terrasse de notre cockpit et lisons dans la presse la fantastique progression des leaders du Team TWQ de La Rochelle. Bravo les gars car après la pétole les conditions sont musclées ! Surveillez vos arrières et ne lâchons rien ! Le plus épatant est la présence des solos aux avants postes car les manœuvres ont été fréquentes entre les passages de brise et de molle… Alors qu’il faut gérer seul la stratégie de navigation, les repas et les repos !

Ces derniers jours sont éprouvants pour Fastlane :

– nos premiers grains dont la nuit dernière au cœur des éclairs d’orage suivis de pluie torrentielle, sans surprise nous venons à leur rencontre !

– notre batterie de service au lithium qui a fondu les plombs et ne se recharge plus que de 10 à 15% depuis 4 jours. En conséquence, les dispositions pour une consommation électrique minimum concentrée sur la centrale de navigation, et la tablette avec SailGrib qui nous permet d’accéder à l’IridiumGo en complément de la VHF et l’AIS. En d’autres termes sans girouette-anémomètre, arrachée depuis le Cap Finisterre, et sans pilote (mode compas) pour réduire la consommation électrique nous devons barrer en permanence, avec comme seul indicateur le cap compas que nous lisons sur le répétiteur de mât… La nuit dernière, par nuit noire, avant que la lune ne se lève, nous avons affalé le spi car les yeux piquaient alors qu’il nous était impossible de le régler dans les vents tourbillonnants entre les grains ! Pause bénéfique qui a permis d’allonger les temps de repos 😉

Les conseils d’un fameux et talentueux pilote de rallye reçus ce jour : « En rallye, la première victoire c’est de passer la ligne d’arrivée avec une voiture intacte ! Pour le classement on fait pour le mieux » : tout est dit ! Message sur fond de sophrologie qui nous a remis sur les fondamentaux de notre sport mécanique, naviguer sur la trajectoire choisie, soigner nos manœuvres, gérer matériel et fatigue, prendre du plaisir (le partager c’est aussi en prendre !).

Enfin un événement rigolo s’est produit aujourd’hui : un poisson volant s’est littéralement écrasé sur le roof du bateau.

A très vite et go go go le Team de la Rochelle !

Jérôme et Stéphane

CHRISTINE MORA & DIDIER VERNHET – Un pallier deux toits

Aujourd’hui grand beau, soleil, les panneaux solaires chargent à bloc enfin on remet un peu le pilote. Les batteries ne voulaient plus changer hier.
Ce matin c’est Squid qui ne veut plus télécharger la météo ni l’exporter ou bien c’est la fatigue qui nous gagne ? Il est 13h utc : pas un routage depuis ce matin. Alors on joue à aller vite, direction ?… vers la Martinique, enfin par là. Un p’tit coup de lecture des routages de JYBernot en attendant la reconnexion Iridium, ce matin il ne veut pas non plus. Ah oui c’est samedi, Iridium et Squid sont sans doute partis en week-end.
Bientôt mon quart à la barre youpi je vais tenter un records de vitesse
Globalement on a vraiment l’impression de se traîner, de faire les mauvais choix de trajectoire, c’est frustrant. Mais le plus important n’est il pas ailleurs ?

JACQUES RIGALLEAU – Enedis Ora

Bonjour,

ça fait 14 jours que  nous sommes sur nos petits engins qui devant l’océan parfois n’en mène pas large. Comme un élu local, il faut parfois faire le dos rond.
Les journées passent tellement vite, il y a toujours de quoi d’occuper. Tiens, une petite anecdote, la nuit dernière, j’étais tranquille, j’étais pénard, je dormais bien, soudainement je me réveille et je trouve mon spi avec une grosse cocotte malgré mon foc belge. Le pourquoi du comment, l’écoute de la retenue du spi était partie du winch. Comme quoi, avant d’aller dormir, vaut mieux faire de bonnes vérifs. (celle-ci, je ne l’avais jamais eu)
Plus de peur que de mal, mais en pleine nuit, ça vous énerve et fatigue bien.
Je suis toujours bluffé de voir ce pilote barrer à merveille (sauf avec de la mer), celui qui est alimenté en énergie électrique par 2 panneaux solaires.
A part ça, je suis satisfait d’avoir pu récupérer quelques places au général, toujours bon pour le moral, mais à mes yeux, le plus important, c’est d’arriver.
Lucide, la route est encore longue.
Bzs à tous
ENEDIS-ORA

HAROLD BASEDEN & THAIS CATHELINEAU – Vaincre la mucoviscidose

Bonjour la terre !
Après un départ plein d’émotions, on s’est vite retrouvés dans la course avec du vent et de la mer pour descendre au Cap Finisterre. A part un gros mal de mer pour Thaïs, tout va bien jusqu’au début de la deuxième nuit de course où le pilote auto nous lâche. On essaie de réparer le pilote en refaisant les circuits de câble et en changeant différentes pièces mais après 24h à essayer on se rend compte qu’on ne pourra pas le réparer en mer (calculateur HS). le pilote est un élément central de sécurité, confort et perf. On pense d abord à à s’arrêter à La Corogne et puis on décide de se donner une chance de continuer en prenant le temps de voir si on se sent de poursuivre malgré cette avarie ou pas en allant au moins jusqu’à Madère.
On poursuit notre route un peu en mode « sécurité » au vu des conditions de mer et le vent fort, on choisit l’extérieur du DST. La course est un peu mise de côté, on a reçu la terrible nouvelle de Philippe, ça fait froid dans le dos. On pense bien évidemment de tout cœur à sa famille et ses amis.
Depuis le départ on n’arrive pas à charger les classements, on ne sait pas où on est mais vu le temps qu’on a perdu avec nos avaries, on imagine être loin derrière. Alors quelle bonne surprise quand un peu plus au sud après la baston, on capte à l AIS à quelques milles  nos copains d’entrainement Isha l Arche La Belle Porte ! Déjà on se sent moins seuls et peu après on arrive à charger les positions et ça nous fait rentrer à nouveau dans la course, on se rend compte qu’on est encore là, pas décroché des autres.
Alors on décide de tenir bon et de traverser sans pilote, pour rester dans le match et aussi parce qu’on a un siège de barre de compet’ (Antho si tu nous lis merci infiniment il nous change la vie !).
On passe l’ile de Porto Santo à la queue leuleu au petit matin du dimanche avec cinq ou six bateaux à vue (dont Isha qu’on retrouve à nouveau à trois longueurs de bateau) c’est magique de se retrouver là au bout d’une semaine de course !

Et c’est la grande traversée qui commence, une petite routine s’installe à bord et en même temps chaque jour est différent on vit au rythme des changements de conditions et des décisions de trajectoire. Naviguer sans pilote ça veut dire qu’il y en a un tout le temps à la barre, et ça réduit beaucoup le temps de sommeil, de veille météo et stratégie, de réglages affinés du bateau… on navigue un peu dans un autre mode mais on est contents d’être dans la course malgré tout ! On est heureux sur ce magnifique terrain de jeu!
Ce qui explique aussi qu’on a un peu moins de temps devant l’ordi pour partager nos aventures..

Le paysage est sublime, on a la chance d’avoir des nuits très claires sous la lune qui nous accompagne pendant les longs quarts de nuit (ça commence à tirer !), on a vu deux fois le dos d’une baleine tout proche du bateau, notamment une fois en plein vrac sous spi ça fait tout drôle ! On se sent chez elle 😉

On est très heureux de partager cette aventure tous les deux, le fait d’être à la barre est aussi une chance d’être en permanence sur le pont et d’en profiter à fond. Actuellement on file sous Code 5 c’est le bonheur !

Un immense merci à tout nos copains, tous ceux qui nous ont aidé à préparer cette aventure, ils sont nombreux, vos conseils et coups de main nous sont tous précieux, et merci à os parents de s’occuper si bien de nos deux petites filles pendant cette traversée merveilleuse. Merci Vincent et les coach Orlabay, on a (presque) passé tous nos empannages sans problèmes 🙂

A bientôt pour la suite du récit.. dans la pétole… ? 😉

Harold et Thaïs

MARC WILLAME & ANTOINE JEU – Vivre avec le diabète

Depuis quelques jours plusieurs avaries font ralentir le JPK 960 de Marc Willame et Antoine Jeu, une poulie de retour de spi a lâché, entraînant l’arrachage des filières tribord, 2 chandeliers pliés et tangon carbone cassé en deux.. spi chaluté mais récupéré intact.
Le temps de réparer, bien  sécuriser et génois tangonné et c est reparti!
Puis dans la nuit problème de vérin du pilote auto rétabli après 3h de bricolage…
Et la nuit dernière, un autre tangon s’est cassé..
Bref bien occupés à tout réparer, le duo garde le moral
Malgré la fatigue, avec le soleil, ils ont apprécié de faire leur toilette, les poissons volants leur rendent visite et même une hirondelle qui est entrée dans la cabine !
A mi parcours, Elma fait tout pour rester dans le peloton !

PIERRE-HENRI AMALRIC ET BRUNO SALLE DE CHOU – L’envol

Journée du 28
Un peu avant l’aurore une alarme retentit, celle des sous marins quand on appuie sur le gros bouton rouge,je suis sûr ça vous parle, elle signifie que le vent a tourné de plus de 25 degrés, c’était prévu, c’est arrivé. Cela fait 3 jours que je navigue avec la même voile, mon grand spi bleu  qui a si bien rempli son office.
Le vent a pris de la droite et il faut gréer un spi asymétrique pour garder la même trajectoire et être plus près du vent . Cela me prendra deux fois plus de temps, que d’habitude. Ma lucidité est entamée et je vérifie 3 fois chaque action, le pire étant une manœuvre qui se passe mal.
Ça y est après 45 minutes je suis sous A5 je remonte à 120 degrés du vent dans 20  noeuds. Épuisé par cette manœuvre anodine, je laisse tout en plan et vais me coucher.
2 heures plus tard ça va mieux, je recharge mes batteries, pas celles au lithium, flocons d’avoine aux fruits, banane séchée et nescafé….Aaah … le kif!
Pris de paresse, je repousse le rangement du Bronx à après la météo et les routages. Tout cela terminé, ce sera la douche,  c’est à dire seau d’eau de mer, et savonnette de mer…
Il ne me restera plus qu’à rédiger mon post quotidien de journal de bord… je vous épargne également le réglage en continu du bateau qui tient de bonne vitesse depuis 36 heures.
Hier,Pascale de Pour un Sourire d’Enfant(PSE) l’association que je soutiens et qui , je l’espère à pu collecter autant de repas que de miles parcouru ou plus, m’a transmis les encouragements de Tanguy le Turquais, jeune marin émérite qui a brillé par sa persévérance sur la Jacques Vabre et qui prépare le Vendée Globe… et bien ça m’a fait plaisir …
Bientôt il va falloir faire des choix pour passer la molle et quelques dizaines de miles d écart maintenant vont se transformer en jours  à l’arrivée, il y a ceux qui vont passer tout droit et ceux qui vont devoir faire le tour de la paroisse …
Aléa jacta est.

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