— 26. 04. 2024
— 26. 04. 2024

“Il y a du jeu”, Daniel Souben, entraîneur Orlabay

Comment percevez-vous le début de cette course jusqu’à présent ?

Bien-sûr on suit les coureurs qu’on a préparés avec Orlabay sur le site internet et la carto. On regarde la météo et les échanges mis en ligne, notamment les mots du bord, qui sont intéressants. Je remarque que sportivement, il y a du jeu. Dans les premiers, en double ou en solitaire, je pense que ça joue plutôt bien, que les trajectoires sont assez intéressantes. Ils ne ratent pas beaucoup en termes de météo, ils sont plutôt sur des bonnes trajectoires, au moins sur les 10 à 12 premiers. Il y aura du jeu jusqu’au bout. Un truc qui m’épate aussi : les solitaires sont assez proches des premiers doubles, il n’y a pas tant d’écart que ça. C’est un très bel exercice, sportivement, c’est intéressant.

Comment décririez-vous l’état d’esprit des marins après dix jours en mer, alors qu’ils naviguent au large de l’Atlantique et ont déjà franchi Madère ? Pensez-vous que c’est à ce stade que la course devient plus compliquée ?

Sans trop refaire l’histoire, ils ont vécu 48 heures extrêmement difficiles avec la disparition de Philippe. C’est un coup très dur en mer pour tous. Ils commencent à reprendre le dessus. Là, on sent que la course a repris ses droits, il y a du jeu, les gens exploitent la météo même s’il y a sûrement un peu de fatigue. La température est beaucoup plus chaude, les conditions sont plus plaisantes, ils sont dans un vent pas très bien calé, mais assez clair pour être dans le bon couloir vers La Martinique.

Ils arrivent assez bien à rythmer leur temps de repos et leur temps d’alimentation pour avoir des journées équilibrées. Ils arrivent assez bien à gérer leur personne, leur temps de repos pour ne pas être cramés malgré des journées fatigantes. C’est le sentiment que j’ai, maintenant on n’est pas en contact avec eux. 

Une transat, ce n’est pas anodin. Il existe de nombreuses transats alors on pourrait penser que c’est simple, mais non c’est extrêmement difficile. Il faut de la préparation, il faut être vigilant absolument tout le temps, il n’y a pas le droit à l’erreur, ça reste un exercice compliqué. En plus, ici ce sont des petits bateaux, la course dure plus longtemps. La gestion du bonhomme et du matériel sont différentes des transats en Class40 ou sur les bateaux beaucoup plus rapides.

On semble remarquer que les bateaux rencontrent quelques difficultés à mi-parcours, avec des problèmes mineurs de matériel et quelques casses sans gravité. Cette impression pourrait-elle être attribuée au nombre élevé de bateaux en compétition ?

C’est incontournable. Notre ami Michel Desjoyaux dit “c’est une emmerde par jour”. Le matériel s’use même si on a bien préparé notre bateau, il y a peut-être des choses qu’on a sous-estimées. Pour ça, il faut tous les jours un check matériel de la tête aux pieds pour prévenir ces accidents. Normalement, ils partent avec des pièces de rechange et de quoi réparer. Ils ont une bonne connaissance de leur bateau mais forcément, il y a des petites choses qui cassent. Globalement, l’ensemble de la flotte continue sa route à allure normale, il n’y a pas de grosses défections.

En dehors de ces observations, y a-t-il un ou deux bateaux qui attirent particulièrement votre attention ?

Bien sûr, en solo, on a Régis Vian sur un JPK 1010, un petit bateau qui, en temps réel est avec des bateaux logiquement plus rapides que lui, comme un Sun Fast 3300 ou 3600.  On savait que le JPK 1010 est un très bon bateau mais ça reste un petit bateau en vitesse pure par rapport aux bateaux avec lesquels il est en temps réel. Il fait une course absolument exemplaire, on est super contents pour lui car il avait été obligé d’abandonner la dernière édition à cause de la casse de son safran. On croise les doigts pour que ça dure jusqu’au bout. 

Et puis en double, on a nos Figaristes, Amaury et Geoffrey sur un Figaro 2 Terre d’Enfance sur Atlantique, qui s’entraînent avec nous depuis un petit moment. Ils font aussi une très très belle course. Ils ont un bateau performant car le Figaro 2 performe en temps réel et en temps compensé. On les suit de près.

Et sinon, il y a un autre bateau qui est plus là pour l’aventure, « Les Parrains Marins », avec François et Vianney, qui ont un JPK 960, le plus petit bateau de la flotte, et qui font aussi une très belle course. Alors eux, pourquoi ils attirent notre attention ? Car c’est quasiment l’équipage le plus jeune. Ils ont démarré avec un niveau relativement bas à tel point qu’à l’automne dernier on se posait la question de leur dire que la transat ne serait pas pour cette année. On estimait que leur niveau était un peu limite mais ils ont énormément travaillé depuis. Finalement leur trajectoire et leurs performances leur donnent raison donc c’est bien.

Donc les jeunes marchent plutôt bien ? Car Amaury et Geoffrey sont aussi jeunes ?

C’est ce qu’on constate avec les IRC, considérés comme une série de gens qui ont plutôt la cinquantaine. Dans notre groupe, il y a pas mal de jeunes et c’est bien pour les IRC et pour les courses, c’est vraiment intéressant. On se plaint toujours de la difficulté pour les jeunes d’accéder à la course au large ou même à la navigation sur ce genre de bateau et là, ils nous prouvent que non seulement on peut y accéder, mais aussi faire de belles choses. Quel que soit l’objectif qu’on s’est fixé, de la performance ou de traverser l’Atlantique. Ça c’est vraiment encourageant pour l’avenir.

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