— 20. 04. 2024
— 20. 04. 2024

Les mots du bord 20/04/2024

YANN GINDRE & MICHEL FOUCART – A chacun son Everest

“Tout le monde parle beaucoup de l’esprit d’une course.
Après une nuit douloureuse pour essayer de retrouver Philippe Benoiton qui est malheureusement décédé, nous avons repris notre route dans des conditions difficiles et une mer déchaînée.
L’ arrivée à Porto a été extraordinaire. On est fatigué et le moral bas mais sur les pontons, nous attendent Alex Ozon, celui qui était le leader de la course avant des ennuis de mât et Olivier Lunven et son fils avec un problème de moteur. Ils avaient toutes les raisons d’avoir le moral bas mais malgré tout ça they jumped in action.
Ils nous forcent à aller aux douches pendant qu’ils sortent la GV du bateau et la moitié de la bôme. Ils amènent la GV sur le terre plein pour voir les dégâts et nous escortent militairement aux douches pendant qu’ils nettoient les déchirures, sèchent la voile et font les réparations. On sort de notre douche et là on découvre notre GV toute réparée et prête à être ramenée sur le bateau. Du vrai Mac Gyver dans une ambiance extraordinaire et il est difficile d’expliquer avec des mots mais c’est sûrement une bonne définition de l’esprit de cette course.
Après cet accueil extraordinaire, notre moral avait reçu un vrai coup de turbo et ça aurait pu être parfait pour tous les concurrents après ces difficiles conditions si on avait pas perdu Philippe en solo sur son bateau …”

REMY HURDIEL & ALEXANDRE BONDONNEAU – Sleep Sailing Lab

BERTRAND FOURMOND – Alpha Yesss

Nuit sous spi.
La mer a commencé à se lisser, le vent encore à 25 noeuds, il est temps d’envoyer le grand spi et surtout avant la nuit.
Ce qui est dit est fait, le spi est en haut ! Bon à l’envers pour la publicité mais ne t’inquiète pas Pierre, ici, au milieu de nulle part, il n’y a que moi qui le regarde et qui vais le surveiller pendant des heures.
Je règle le pilote « Georges » gain 7 contre barre 25 ! Impeccable, il s’en sort pas mal et on reprend de la vitesse.
Et vu que nous aussi, nous irons vers une bulle d’air autant gagner maintenant tout ce qui est possible.
Je reste sur le pont au manette de réglage de spi, ça avance bien avec des surfs à 14 noeuds et un constant à 9 noeuds.
La nuit est froide avec cette rosée, pas vraiment le temps de dormir et je sens que mes yeux me trahissent.
Toute le nuit le vent a molli progressivement, pour arriver au lever du jour à « la pétole ». Le spi est vide de vent, tout claque, c’est infernal !
J’affale le spi et remets le génois, on va éviter des cocottes !
Je suis cramé et plus bon à rien !
Je cale le bateau dans un axe de descente, je bloque les voiles au mieux qu’elles pourront pour prendre le peu de vent et part dormir carrément dans la couchette avant qui est vide. Avec en plus un petit plaid polaire, Je vais me faire 45mm sans réveil !
Au réveil, je regarde ce que Pouss’1 a fait : dit donc, 2,5MN en 45 mn, pas mal et je pense pas que j’aurais fait beaucoup mieux !
Allez, je vais continuer comme ça et me faire à manger.
8h, ce sera un lyophilisé « lentilles au jambon et petit légumes ». On se demande bien pourquoi j’ai embarqué des céréales pour le matin !

JACQUES AMEDEO & BRICE TAILLIANDER – Solidarité Paysans

Madère se fait désirer…
Qui aurait pu imaginer passer d’une mer démontée à une mer plate, le lendemain, avec des brises évanescentes ? La mère, a ce génie, de se calmer très rapidement…
Nous naviguons depuis deux jours sur une mer plate avec une houle imperceptible. Nous sommes à la recherche du moindre souffle de vent. Le spi asymétrique léger nous fait grandement défaut, mais notre code zéro nous permet de défendre tant bien que mal notre place.
Première illusion d’alizées ? C’est alignement de cumulus à l’Est de notre route.
Ce répit nous permet de nous plonger dans les fichiers météos pour envisager la suite après Madère. Plusieurs options s’offrent à nous. Mais en deux jours, il peut se passer beaucoup de choses d’un point de vue météorologique.
Nous partageons à bord de Solidarité Paysans , une réelle sérénité et le bonheur d’être sur l’eau. Et Philippe nous accompagne durant tous ces moments.

CHRISTINE MORA ET DIDIER VERNHET – Un pallier deux toits

Jeudi :

Enfin sur de belles vagues sous grand spi, notre préféré, le spi Un Palier Deux Toits. Le bateau glisse tranquillement. Le pilote réclame de petits réglages, et c’est lui le plus fort à la barre bien qu’il ne nous ait pas livré tous ses secrets. En Méditerranée on a rarement rencontré ces vagues longues et enivrantes, c’est d’ailleurs ce que je suis venue chercher, entre autres, sur cette course,
Du coup le pilote dans les vagues est vrai un dossier en cours. Malgré conseils et schémas de réglages des autres : on part quand même régulièrement au tas sous spi dans les vagues si on ne surveille pas… à défaut on barre, on aime ça.
Les checks, entretiens et épongeages divers sont faits. Faut dire qu’hier ça mouillait, la mer était agitée, le vent fort 35 à 44 nœuds pendant… des heures et des heures, moins de 24h ? Le top ! Le bateau s’est régalé avec des vagues par devant, de grosses gerbes phosphorescentes sur les côtés dans les gros surfs, et même une par derrière qui a déclenché la flash light de la perché IOR,
La nuit ça déboulait vitesse max plus de 20 nœuds parfois dans les surfs…  Heureusement personne à l’AIS ! Croisé un cargo ce matin. Un oiseau et quelques dauphins venus faire des pirouettes.
J’écris en attendant que l’iridium charge les gribs. Parfois on finirait presque par oublier qu’on attend…

Vendredi :

Houle calme, repos… Dormi beaucoup, mangé mieux qu’à la maison
Où est le bouton à fond ? Plus vite ? Plus de vent ?
Faire de son mieux.
Patience… L’iridium connecte ? Déconnecte aussitôt… On recommence, encore, encore, encore.
Grand sujet depuis 3 jours: choisir notre route… Alors ces gribs ? Attends ça charge…

REGIS VIAN – Ecole Jules Verne

Après une nuit bien occupée à réguler le bateau dans un vent très variable en force et en direction, je pensais que cette route vers Porto Santo allait enfin être ce que j’espérais : régulière et reposante. Ce matin, un vent stable semble s’installer, et je m’accorde deux ou trois siestes bienvenues. J’ai aussi réparé quelques cordages usés prématurément pendant les premiers jours, et je me prévois du temps pour affiner la stratégie de la semaine à venir. Bref, c’est vendredi, et il y a toujours mille et une choses à faire pour passer un week-end tranquille. Ces bonnes dispositions n’ont pas duré bien longtemps. Très vite, en milieu d’après-midi, je n’ai qu’une obsession : retrouver du vent ! Nous sommes coincés dans une zone de pétole sans trop savoir où est la sortie. C’est laborieux, c’est du gagne-petit. J’ai probablement fait autant de manoeuvres que pendant les 5 premiers jours de course. Je ne sais pas si ça paie, mas ça évite de gamberger. Dans ces conditions, pour certains dont je suis, la sieste est culpabilisante. Elles seront donc rares et brèves cet après-midi. En fin d’après-midi, un petit souffle s’installe… dans la direction exactement opposée à celle prévue par les fichiers ! Il y aura donc une nouvelle transition pénible à gérer dans la nuit.
C’est chose faite ! Elle a été pénible, mais assez brève. Ca souffle à 5 noeuds ! Ce n’est pas la tempête mais on avance. Et bon point pour le moral : à la lecture du fichier de position de ce soir mes petits camarades semblent avoir subi le même sort. Cela semble évident à postériori, mais dans ces circonstances, (et dans bien d’autres) l’imagination n’est jamais rationnelle…
Côté course, le programme du week-end est le passage de Porto Santo (Ile au nord de Madère à laisser à tribord), et la décision de la route à suivre pour rejoindre les Antilles, qui sera décisive pour les deux semaines à venir. Rien que ça ! Ce n’est donc pas un week-end tranquille qui s’annonce.

JEROME APOLDA & STEPHANE AYRAULT – Echo-mer

Bonjour les terriens !

Avant toute chose et bien au-delà de nos aventures nous sommes très tristes pour Philippe Benoiton décédé après être tombé en mer. Nous adressons nos pensées les plus sincères à sa famille et ses amis. Fragiles face à l’océan cela ravive qu’il faut dans la mesure du possible nous protéger en permanence dans notre sport.

A bord de Fastlane_Echo-Mer, les nouvelles sont les suivantes : voici 6 jours que nous avons appareillé ! Après un départ dimanche animé et chaleureux avec les familles et les amis venus nous accompagner sur la ligne de départ au Petit Treho de la Trinité, nous avons rapidement gagné le large. Lundi dans de belles conditions nous sommes passés (très) au large de La Rochelle avec une pensée pour tous les amis du Team qui prendront prochainement le départ de la Transquadra et nos partenaires du Port de la Rochelle. Arrivée en Espagne mardi en longeant la côte entre le Cap Ortegal et la Corrogne pour profiter du renforcement du vent avant de s’engager plein sud sur le Cap Finistère, le Terrible… Une zone de basse pression sur l’Espagne alimente un ventilateur puissant et lève une mer formée. Entrée en matière saisissante pour l’équipage et le matériel ! La nuit est fraîche dans tous les sens du terme et nous prenons quelques sueurs froides à slalomer entre les cargos ou tankers avec 35 knts de vent établi et des rafales à plus de 40 knts. Stéphane barre avec détermination, trop heureux de surfer avec des pointes à 20,4 knts sous grand-voile à 2 ris et foc de brise !!! Forcement mercredi à été le jour où le bateau et l’équipage se sont mis dans le rouge… alors depuis hier, récupération et réparations indispensables. C’est dommage pour le classement alors on se dit qu’avec la météo redevenue agréable nous pourrons remettre les gaz !

3 équipiers pour un duo ! Une colombe est à bord… Non point de quoi nous disqualifier… Et non point de quoi créer de la jalousie… Une tourterelle fait escale probablement de son vol migratoire. Alors nous partageons le musli et attisons la curiosité des dauphins venus en nombre encourager la belle !

2 repas basques aujourd’hui !  Nous nous sommes régalés de rillettes de canard et foie gras, puis de jambon iberico spécialement rapportés par Brigitte de Biarritz (encore merci !). Profitons de nos réserves de pains frais car dans quelques jours nous devrons passer aux plats préparés apertisés et lyophilisés. Ce sont nos premiers repas depuis lundi ou nous avons grignoté dans des conditions de mer et de course peu propices aux agapes !

1 penon dans les haubans ! Notre girouette anémomètre à eu la mauvaise idée de plonger du haut du mat mercredi matin, alors nous naviguons désormais aux penons comme en dériveur… Pas de répit pour la performance, il nous faut régler en permanence et la nuit c’est un peu colin-maillard !

Écoute ta Mer et à très vite !

Jérôme et Stéphane

JEAN-FRANCOIS HAMON – Festa pour Aster

Bonjour à tous.

Difficile de donner des nouvelles de la traversée après le terrible drame qui a frappé Philippe. J’en ai pris connaissance  mercredi soir en regardant mes mails
Je ne connaissais pas Philippe mais on s’est forcément croisés sur les pontons de la Trinité-sur-ler ou lors des briefings. Difficile de ne pas y penser tous les jours quand nous sommes en mer, courons en solitaire comme lui .
J’adresse à toute sa famille et ses proches mes sincères condoléances . Je souhaite bon courage à toute l’équipe de la Cap-Martinique.

RAS à bord de Festa
Bonne fin de journée
JF

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