— 14. 03. 2024
— 14. 03. 2024

Marc Willame – “Le diabète n’empêche pas de vivre ses rêves. »

Marc Williame et Antoine Jeu

Marc a une femme, trois enfants et… un diabète de type 1. Loin de le freiner dans la poursuite de ses rêves, ce passionné de voile a décidé de vivre avec, de s’adapter et de mener une vie riche en expériences. Il sera sur la ligne de départ de la Cap-Martinique le 14 avril prochain en duo avec Antoine, un jeune papa rencontré sur les réseaux sociaux. Un joli message pour sensibiliser le grand public sur ce handicap invisible et prouver que tous les défis sont permis.

Cap-Martinique : Peux-tu te présenter rapidement ?

Marc : Qui je suis, c’est long à raconter. Je fais de la course au large depuis une bonne quinzaine d’années. J’ai de l’expérience en Transquadra et j’ai également participé à la Dream Cup avec Antoine. On a fait la Fastnet Race en juillet dernier. La course au large est une passion, mais c’est évidemment très chronophage, car j’ai un autre boulot à côté. Je suis affilié à un groupe espagnol dans le domaine des clés et de la reproduction de clés.

Je suis marié et j’ai trois enfants, tous indépendants, autonomes et grands. Heureusement, j’ai du temps libre pour me consacrer à cette activité qui est très importante !

C-M : Depuis combien de temps fais-tu de la voile ?

Marc : Ça fait 15 ans que je pratique la course au large. Avant cela, j’avais navigué sur différents supports. J’ai commencé la voile à l’âge de 13 ans en Belgique, sur un lac près de Mons, à bord d’un dériveur. J’ai exploré diverses expériences, du bateau aux Antilles à la Croatie en passant par la France… Au début, c’était plutôt une expérience de croisière, puis je me suis lancé dans la course au large avec un ami belge, avec qui j’ai participé à la Transquadra.

C-M : Comment as-tu rencontré Antoine et comment vous êtes-vous décidés à faire la Cap-Martinique ?

Marc : Antoine, je l’ai rencontré sur les réseaux sociaux. J’avais posté une annonce cherchant des équipiers au moment où j’ai acheté le bateau que j’ai actuellement, un JPK 9.60, pour faire de la course au large. Je n’avais pas spécifiquement en tête de participer à la Cap-Martinique, juste l’envie d’avoir un ou plusieurs équipiers pour m’entraîner et participer à des courses. Je me souviens qu’il m’avait appelé alors que j’étais aux sports d’hiver et le feeling est tout de suite passé. Nous avons commencé à faire des courses en baie de Seine, car le bateau est basé au Havre, notamment le Trophée Voiles Océanes qui existe en solo et en double. Il y a aussi le Double de Normandie, une course d’une semaine avec une étape par jour entre Saint-Vaast-la-Hougue, Fécamp, Le Havre, Deauville, etc. Cette première expérience en duo sur un parcours un peu long s’est très bien passée. Nous avons ensuite enchaîné avec d’autres courses comme la Dreamh Cup, une course de 500 milles partant de Cherbourg et arrivant à La Trinité-sur-Mer. Nous avons également participé aux courses du Rock, notamment la Fastnet, avec des épreuves qualificatives. Nous sommes assez complémentaires, car il est assez bon à la barre et moi je suis meilleur en navigation, et nous partageons les mêmes valeurs, donc ça se passe très bien.

L’idée de faire la Cap-Martinique ensemble est venue naturellement. Au départ, nous avions chacun un projet en solo, mais nous nous sommes vite rendu compte que le fait de le faire à deux apportait un plus. Antoine est plus jeune que moi. Il a des enfants en bas âge, donc il était convenu que je m’occupe de la logistique du bateau. Cela fait partie du boulot aussi de préparer, de nettoyer le bateau, de bien vérifier que nous avons tout et comme il a un peu moins de temps, cela fonctionne bien de cette façon aussi.

C-M : Je crois savoir que Antoine est cardiologue, une course comme celle-ci est-elle complémentaire avec son métier ?

Est-ce que le choix de cette asso en particulier est pour faire écho à son engagement de médecin ?

Marc : Initialement, nous cherchions une association qui avait du sens pour nous. Pour ma part, étant diabétique de type 1, j’ai tout de suite pensé à cela, tandis que lui envisageait une association dans le domaine médical. Finalement, nous nous sommes orientés vers la Fédération Française du Diabète avec l’idée de montrer que ce type de « handicap » n’est pas un obstacle à l’engagement et à la réussite dans ce sport. En tant que médecin, il est lui-même sensible à ces valeurs.

C-M : Quel est le message que vous souhaitez faire passer lors de votre course et avec cette association ? 

Marc : Le diabète est un sujet important en France, qu’il soit de type 1 ou de type 2, comme en témoignent les chiffres présentés lors de la journée mondiale du diabète. Il y a de plus en plus de personnes atteintes dans le monde et en France. Il ne faut pas voir cela comme un frein à nos rêves et à nos ambitions. Personnellement, j’ai envie de partager cette expérience. Nous avons des contraintes, mais cela fait partie de la course, que ce soit des contraintes mécaniques, budgétaires ou maintenant médicales. Cela n’empêche pas de réaliser nos ambitions, et j’espère que cela pourra donner l’idée à d’autres de pratiquer ce sport ou un autre, malgré ce petit handicap que nous avons dans la vie.

 

C-M : Comment fais-tu à bord sur une course aussi longue qu’une transatlantique ? 

Marc : L’avantage que j’ai, c’est d’avoir encore un pancréas qui fonctionne un petit peu. Il est clair que je dois me piquer au moins une fois par jour, généralement le soir, en fonction du niveau de sport que je pratique. Pendant la course, il est important que je me teste régulièrement, plus qu’à terre, car ma vie est plus régulière à terre. Pendant la course, il faut que je me teste un peu plus souvent pour savoir où j’en suis et pour adapter mes injections. Ce sont des injections à effet long, une injection toutes les 24 heures. Certains en font trois par jour, mais je n’en suis pas là. Mais il est clair que je dois m’adapter aux circonstances.

Normalement les skippers mangent des produits lyophilisés. Est-ce que c’est adapté pour toi ou dois-tu trouver une alternative ?

Marc : Les plats que nous prenons sont des plats stérilisés qui sont effectivement calibrés en termes de calories, donc de ce côté-là, ça va. Mais surtout, c’est le test que je fais et je vais sans doute avoir un appareil de test en permanence que l’on peut porter au bras. Nous avons réussi à trouver deux sponsors, dont l’un est AlphaDiab, qui distribuera ce fameux produit permettant d’avoir un test en continu sur son téléphone, pour avoir un taux qui est jaugé en permanence. C’est important pour pouvoir adapter la dose par la suite. À ce propos, nous avons deux partenaires qui nous suivent tout au long de la course : AlphaDiab et Dastri. Ce sont des personnes qui récupèrent des aiguilles, car nous utilisons pas mal d’aiguilles pour toutes les piqûres et notamment les tests, pour éviter qu’elles se retrouvent dans le cycle des personnes qui font du tri dans les poubelles.

L’idée à travers ce sponsoring était de créer un écosystème autour du diabète pour en parler.

C-M : Quel serait votre message final ?

Marc : Le diabète n’empêche pas de vivre ses rêves. Faites du sport, pratiquez votre activité sportive préférée car c’est important pour votre santé ! Diabétique ou non, le sport est essentiel car le diabète est souvent associé à l’inactivité et à l’obésité. Donc, bougez, faites du sport !

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