Patrick Isoard
Enfants du Mékong


Bonjour à tous.
Depuis ce matin c'est opération sargasse, corde à noeud, marche arrière et canne à algues; mais c'est surtout dans la quille.
Le vent s'est calmé 18 à 20N, j'ai remis le grand spi.
Bon voilà 18 jours que je ne parle qu'avec moi même, juste quelques échanges VHF avec Jokari au début, puis plus rien, pas un cargo, pas un bateau juste le désert atlantique dans sa splendeur.
Se parler à soi même, ça a un avantage c'est que tu te fais les réponses que tu a envie d'entendre et donc pas d'embrouille, tu es toujours d'accord.
Mais je m'interroge, si tu laisse quelqu'un pendant très longtemps seul et qui ne peut parler à personne d'autre. Est ce qu'au fil du temps il ne perd pas la parole ?
Parce que la parole c'est ce qui nous sert à communiquer avec les autres, pour exprimer des idées, échanger des points de vue, apprendre …
Mais seul, tu en a pas besoin, j'ai pas besoin de me dire que le couché de soleil est superbe, mes yeux le disent à mon cerveau, point barre. J'ai pas besoin de me dire de cuisiner parce que j'ai faim, de toute façon personne d'autre va me faire à bouffer.Pour communiquer avec moi-même, je peux utiliser l'écrit ou des sons qui ont une signification pour moi, mais j'ai pas besoin de la parole.
Alors si on perd la paroie, perd on l'écrit et ne devenons nous pas dingue?
Je ne sais pas s’il y a eu des expériences dans ce domaine.
Je n'avais jamais pensé à cela.
Aujourd'hui, j'ai fait grève des terrines Henaff et des rillettes Belle Iloise, je ne supporte plus.
Il me reste 4 pommes.
Bises à tous.
Patrick

Quentin et Vianney Froment
Le Rocher Oasis des Cités


Bonjour à tous,
Tout va bien à bord de Shaka. On s’améliore au lancé de lasso et au poussé de canne.
Rien à voir avec la fête foraine. Nous sommes au royaume des sargasses. Algue envahissante qui est non seulement un frein très puissant à la vitesse de nos bateaux une fois dans les safrans, quille et arbre d'hélice, mais surtout un fléau économique pour les Antilles.
Alors pour nous en défaire , nous jetons une corde à noeuds depuis l’avant du bateau de part et d’autre de l’étrave. Au niveau de la quille nous tirons sur un côté et la corde forte de nœuds agrippe les sargasses de la quille pour les enlever. Simple il n y a plus qu'à recommencer. Pour les safrans nous utilisons une canne à algues pour pousser les algues vers le bas des safrans ( merci Eric pour ta canne elle sert!!)
C’est très frustrant pour des régatiers de savoir que le bateau ne glisse pas à 100%, du coup on passe notre temps à enlever les algues.
L’arrivée se dessine, beaucoup d’émotions à l'heure de commencer à se dire qu’on est bientôt de l’autre côté. L’objet de notre convoitise a l’heure de nous lancer dans l’aventure est à portée d’étrave. Allez Shaka encore un effort! On lâche rien, tout peut encore arriver.
On garde un œil sur le classement ( en temps réel, car nous ne pouvons pas rivaliser avec le niveau des concurrents et le rating de notre figaro 2) et c’est serré. Project rescue autre Figaro 2 semble vouloir prendre le large et Solenn n’est pas là pour faire de la figuration.. derrière ça revient mais on a pas de rétro alors on regarde devant !
Se nourrir est plus dur à cause de la chaleur. Et pourtant pour ceux qui nous connaissent habituellement il ne faut pas nous forcer beaucoup. On se rattrapera à l'arrivée ( salades et jus de fruits, promis…. ) Nous avons hâte aussi de retrouver nos épouses et familles pour partager cette aventure. Une première transat, ça marque. ( je laisse les coutumiers de l’exercice nous dire si chacune est aussi marquante ou si le voyage initiatique est celui qui sort du lot? )
Bonne journée à tous, à bientôt, prochain poste … un peu plus près de l’arrivée!
Quentin for Shaka Bros
Sail fast / Stay cool 

Marc Behagel et Guillaume Pinta
Aura France


Bonjour à tous,
Ici ce n'est pas encore la nuit mais je m’avance dans mes écritures.
La journée fut encore belle mais avec un ciel très voilé. Elle fut marquée par un  nouveau croisement à 1,3 miles avec Loire Odyssée et plein d'échanges bien agréables en VHF.
Aussi par de nouvelles séances de désargassage de la quille : et on n'est encore pas au point sur le sujet. On n'arrive jamais à tout enlever, même après une dizaine de tentatives, et presqu’à chaque fois les nœuds vont se prendre dans les safrans : c'est une galère de les dégager.
On multiplie aussi les empannages, et ce jusqu'à l'arrivée.
Si le vent ne mollit pas trop, notre arrivée se fera dimanche, soit en un petit 21 jours de conditions exceptionnelles et plutôt franchement faciles, tout sous spi.
Les conditions à venir ne devraient pas nous permettre de gagner de places, mais peut-être plutôt d'en perdre 2 en temps compensé : on ne devrait pas être pire que 9ème et mieux que 5ème ; il y a donc une petite marge.
Nous passerons très probablement par le sud de la Martinique pour rallier Fort de France.
Pour l'apero de ce soir c'était cacahuètes mais pas de petit vin blanc frais : c'est pour bientôt !
Bonne nuit à vous

Maxime et Patrick Paul
Association Sainte-Bernadette


Hello la terre,
L'alizé est vraiment musclé dans les parages et les dernières 48h ont été assez éprouvantes, au point que nous avons une nouvelle fois dû lever le pied la nuit de mercredi et réduire la toile.
En fait, le pilote ne tient plus le bateau lorsqu'il y a de la mer et des "gyro pitas" de sargasses accrochés à chaque safran. La barre est tellement dure que le pilote ne retrouve plus ses automatismes.
De plus, pas de lune en début de nuit, du coup dans la nuit noire tu barres avec tes fesses qui servent de gyroscope, et en essayant d'intégrer les compteurs oranges de cap et d'angle de vent qui défilent à haute fréquence …
Je tiens pas longtemps à ce jeu là quand il y a +25 nds de vent et une grosse mer.
Pendant la journée d'hier aussi le bateau a fait son max speed observée sur cette transat à 16,88 nds dans un surf sur une vague plus haute et plus abrupte que les autres, et qui ressemblait plutôt à un plongeoir.
On se croyait chez Disney en haut du roller coaster avant d'attaquer la descente vers l'enfer.
Ô temps suspend ton vol …
Puis tout d'un coup tu plonges et tu accélères malgré les +50kgs (estimés) de sargasses sur chaque safran, avec des gerbes d'eau qui montent de chaque côté du bateau, que tu essayes de maintenir dans l'axe de la descente.
Et là tu demandes ce qui va se passer lorsque t'arrives en bas. Tu pars à gauche à l'abattée ? tu pars à droite au lof ? ou tu t'enfonces dans le fond de la vague ? C'est ce qui s'est produit et heureusement 🙂
Là l'explication est un peu longue, mais en réalité ça se passe très vite
Cette nuit le vent s'est un peu calmé, mais surtout la mer est moins méchante. Le pilote tient le bateau avec des décrochages occasionnels lorsque la quantité de sargasses accrochées aux safrans et à la quille est trop importante.
Bonne nouvelle ! Ces départs au lof, s'ils sont bien faits, décrochent les algues des safrans.
Avec un bateau sous pilote de nuit, on peut retrouver de la vitesse et des quarts à peu près normaux, ce qui permet d'écrire ce condensé de ce que l'on vit ici !
Nous devrions passer en dessous des 500 milles dans la nuit de jeudi à vendredi, et notre arrivée à FdF pourrait se faire le dimanche dans l'après-midi, si les conditions de vent annoncées le permettent …
Patrick & Maxime
#29 EHPAD Sainte-Bernadette (KURUN)

Nicolas Brossay et Ludovic Gérard
Pure Ocean


Il fait CHAUD !!! la nuit c'est bien, on reste en short-t shirt, tongs et chapeau de paille 🙂 mais le jour c'est un peu dur il faut bien l'avouer. Peu d'ombre à bord, si ce n'est sur l'avant en début d'après midi, le meilleur endroit pour la sieste et faire des photos avec des reflets dans les lunettes 😉 .Nous voilà à 2 jours de mer de l'arrivée, à se bagarrer pour le moindre mille d'avance sur les JPK1010 notamment afin d'assurer en compensé, et ce n'est pas gagné car ils ne lâchent rien non plus ! De même que Sentinel Ocean Explorer et Gustave Roussy, ils sont à nos basques. Nous nous tirons la bourre aussi avec les 2 figaro Shaka et Project Rescue ocean pour le réel. Bref de quoi faire pour ces dernières heures, et bien sur profiter de ces moments , cette chance que nous avons d'être en mer sur nos canot's.
Nicolas et Ludovic

Jacques Amedeo et Antony Durand
Handicap International


Une course qui aurait pu se terminer à Lisbonne… En quelques heures nous avons déchiré le Spi de descente, nous avons eu un dysfonctionnement complet de notre électronique et avons percuté une bille de bois. Un cognement très inquiétant se faisait entendre au niveau de la timonerie. Nous reviendrons sur l’électronique demain Il à fallu ramper dans le coffre arrière pour trouver l’origine de ces cognements : Le vérin était en train de se désolidariser de la paroi d’attache. Réparation assez longue et marche au ralenti mais le génial Antony a eu raison de ce sinistre. Inutile de préciser que sortis de ce coffre on n’a pas envoyé le spi tout de  suite. Heureux d’avoir évité l’escale technique !
Mais le retard accumulé ne se rattrape pas facilement Sur le chemin de la remontada rupture de la mâchoire du tangon Heureusement nous en avons un second. Actuellement nous suivons un bon rythme et le moral est très bon.
C’était en direct avec Handicap international

Alain Peron et Jean-Marc Chavigny
Papillon contre l’eczema


Hi bodies,
Premiers coups de corde à nœuds dans la quille, non pas sur les fesses irritées de mon ami Alain, mais pour lancer le grand bal des sargasses !
Ce n'est qu'un échauffement nous le savons (savon qui nous manque autant que l'eau douce d'ailleurs pour notre peau confite au sel).On a enfin  compris pourquoi les poissons volaient ici, ils ne peuvent pas nager dans ce merdier…
L'ingénieur qui trouvera comment recycler ces algues en pétrole sauvera peut-être la planète, sachant que leur prolifération vient aussi de la pollution maritime, bref, on se mord la queue…
L'ambiance reste bonne à bord de Papillon, on avance, on avance, c'est sûr qu'on aura pas assez d'essence pour faire la route dans l'autre sens, alors on avance !
On essaye de décaler nos horaires pour ne pas arriver en Martinique avec ceux de Reykjavik, ce serait à coup sûr, un truc à rater l'apéro !
Je me suis donné la mission de sauver les poissons volants qui atterrissent sur le pont la nuit, c'est ma participation océanique à la sauvegarde des espèces. Oui je sais j'aime bien ces bestioles improbables qui ont fait réfléchir Darwin. (faut dire qu'on en a quand même bouffé un à 3h du mat' l'autre nuit, avec citron, huile d'olive et sel. Ils ne seront pas tous sauvés!-Alain-)
Une transat aussi longue est un moment assez rare dans l'existence, nous en prenons tous conscience à notre niveau, et mettre en pratique nos bonnes résolutions de retour en France, en souhaitant qu'elles soient plus durables que les dernières du premier de l'an....
Toujours une pensée pour notre cause. Saviez vous qu'il y a une journée mondiale de l'eczéma ?
A t'chao les pantins,
Nous vous envoyons Alain et moi nos plus belles pensées du fond de l'océan, enfin surface plutôt (le chien de Mickey, non celui de Dingo, merde je ne sais plus....)

David Le Goff et Ludovic Menahes
Karrgreen


Bonjour à tous,
Pour ceux derrière leur écran cette nuit vers 0h30, vous avez du voir qu’Adeosys a sacrément ralenti après avoir passé une journée top à grapiller des miles sur les 2 JpK 10.10 devant, toute la journée du mercredi.
Peu après minuit (Heure UTC), nous allions attaquer les quarts quand le bateau par au tas, le pilote récupère mais pourquoi, il se met à 180° du vent et y reste quelque temps…. Résultat, une cocotte mais pas une petite : en haut, en bas, avec la chaussette avec la drisse de génois… Bref impossible à défaire.
Pendant plus d’une heure, on va tout faire pour saucissonner le spi et l’étouffer. 2h, du matin, au dodo, on réfléchira demain au lever du jour quand on y verra quelque chose.
8h, petit déjeuner, pour prendre des forces, puis analyse de la situation. On ne pourra rien envoyer car tout est bloqué juste sous l’étai, impossible d’envoyer la moindre voile d’avant, il nous reste 600 miles à parcourir.
Seule solution : Monter au mat, mais il y a plus de 20 nœuds et de temps en temps une houle assez forte ! Il faut réussir à garder la grande voile pour avoir de l’appui au niveau du bateau et monter derrière elle. La solution : Tendre la drisse de capelage sous la GV, un mousqueton sur le baudrier et monter avec la 2ème drisse de génois. On tente quelques mètres et si cela le fait, on monte jusqu’en haut.
1h plus tard, tout est en bas ! On renvoie un Spi le S3 et on est reparti.
S’en suit un atelier démêlage (plus d’une heure) pour le S2, qui en ressort sans aucune égratignure et est renvoyé dans la foulée car le vent à baissé et on a des miles à reprendre !
David & Ludo