La première édition de la Cap Martinique touche à sa fin, alors que les premiers concurrents se rapprochent des eaux bleu turquoise baignant la baie de Fort-de-France. Ce vendredi midi, il reste moins de 125 milles devant l’étrave d’Alexandre Ozon (Trophée Estuaire Rose) pour rejoindre la ligne d’arrivée. Sauf pépin de dernière minute, le chef de file en temps réel de toute la flotte (12 solos, 22 doubles) est attendu sur les coups de minuit heure locale (6h, heure métropole), après plus de 3 800 milles parcourus en moins de 20 jours de mer. Le point avec Thibaut Derville, co-organisateur de cette toute première transat 100% amateurs et sans escale qui tient toutes ses promesses depuis son coup d’envoi, le dimanche 1er mai, au large de la Trinité-sur-Mer.

Quelles sont les dernières nouvelles de la course ?

T.D : « La bataille fait toujours rage. La bagarre finale est superbe, à la hauteur du déroulé de la course. Chez les solitaires comme du côté des doubles, les derniers écarts en temps compensé entre les deux premiers se mesurent en une poignée d’heures. Dans les deux flottes, cela tient à pas grand-chose. Comme des sargasses pour les uns, évitées par les autres, qui peuvent bousculer la hiérarchie fragile préétablie en approche de l’arrivée, après un contournement de l’île laissé libre. Pour autant, après la dernière semaine de course qui a vu les Nordistes perdre leur avantage face aux Sudistes, les derniers routages laissent deviner que la quasi totalité de la flotte passera par le Sud et le rocher du Diamant pour rejoindre Fort-de-France. Ici, tout est en place pour accueillir les marins. Le comité de course est sur le pont pour des arrivées qui vont s’enchaîner sans trop de répit. »

Quel bilan sportif faites-vous en approche de l’arrivée ?

T.D. : « Ce qui frappe en premier lieu, c’est le rythme tenu par les amateurs réunis sur la course, il est digne d’une transat de pros ! Quelques-uns ont connu des surfs incroyables, comme les 19,85 nœuds d’Energie Jeunes, du jamais vu pour un Ofcet 32 ! Et que dire des JPK 10.10 qui ont enchainé les 240 milles en 24 heures ! Beaucoup de bateaux différents marchent très bien. Notamment les Figaro Bénéteau 2 qui montrent que le poids des années n’a pas de prise. Les conditions ont été très favorables tout du long, avec des alizés plutôt puissants qui ont sollicité fortement les bateaux. On sent que la mer est brutale. Le matériel fatigue comme en témoignent les vits-de-mulet cassés et réparés, ou des ferrures de tangon dessoudées…. On ne compte plus les spis déchirés. Mais le niveau sportif a toujours été garanti sur cette transat exigeante qui ne déplore que quatre abandons depuis de départ sur 38 partants. »

Et quels enseignements tirez-vous à chaud de cette toute première édition ?

T.D. : « On ne pouvait pas rêver de meilleur scénario pour cette course née d’une petite idée notée sur un coin de table avec Jean-Philippe Cau. Sur l’eau, au-delà de la belle bagarre, la convivialité, qui nous tenait à cœur, est au rendez-vous. Les bateaux, très regroupés, se voient à l’AIS (Automatic Identification System), certains sont même à portée de vue, au contact. Forcément, les équipages communiquent énormément entre eux, les ondes VHF sont animées ! Tout cela augure de belles arrivées où tous auront plaisir à refaire le match ensemble. Tous les bateaux seront probablement arrivés pour la remise des prix, c’est rare. Pour nous, cette Cap-Martinique, sur son parcours entre les baies de la Trinité-sur-Mer et de Fort-de-France, est un grand succès. Sur son format sans escale, la course répond à toutes les attentes, même si elle se révèle beaucoup plus exigeante en termes de préparation. Preuve est faite que la recette fonctionne. Rendez-vous les 14 avril 2024 pour le départ de la deuxième édition. »