C’est une première. La Cap 45/11 qui s’élance le 3 juin de La Rochelle vers La Trinité innove avec un format de course inédit. Les organisateurs de la Cap-Martinique, reportée cette année, ont en effet voulu proposer aux coureurs une vraie course de substitution avec des conditions proches de celles d’une transatlantique.

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Les 21 bateaux engagés en IRC mettent en effet le cap à l’ouest, non pas vers une bouée, réelle ou virtuelle, mais vers la longitude 11° ouest, une ligne imaginaire reliant le Maroc à l’Irlande. Sur cette droite, les concurrents ont une infinité de possibilités pour choisir le meilleur « point d’impact » avant de faire demi-tour en direction de La Trinité sur Mer. « Cela change beaucoup de choses car les équipages vont privilégier les allures rapides, quitte à rallonger un peu la route » explique Jean-Philippe Cau, l’organisateur a l’origine de cette innovation. Les concurrents écriront sans doute chacun un parcours différent avec des choix stratégiques cruciaux car les logiciels classiques de routage ne sont pas configurés pour ce genre d’aventure. Christian Dumard, routeur, apprécie l’exercice : « Il n’y a pas de règle. Cela demande plus d’initiatives et d’autonomie de la part des skippers. Le point de passage va dépendre de la situation ultérieure, lors de la fin de la course. Je trouve ça passionnant ! »
 
Du côté des coureurs, on se réjouit d’avoir un vrai galop d’essai XXL avant de s’engager sur la prochaine édition de la Cap-Martinique. Alexandre Delemazure, qui prépare sa première transat en course explique : « J’adore le concept. Il va falloir passer du temps à la table à carte, aller chercher des fichiers météo. On va quand même passer 5 ou 6 jours sans voir la terre, c’est ce qu’il y a de plus proche d’une transat. »
 
La Cap-Martinique, dédiée aux amateurs, était prévue au printemps mais a été reportée en raison de la situation sanitaire. La première édition s’élancera donc de La Trinité-sur-Mer au printemps 2022. La course est réservée aux équipages réduits, soit en double, soit en solo.
 
La Cap 45/11 est organisée conjointement par la SRR, la SNT et l’UNCL et part en même temps que la Gascogne 45/5, au parcours plus court. Au total, 85 bateaux sont engagés sur ces deux compétitions.

Jean-Philippe Cau :

« La Cap 45/11 et la 45/5 sont les premières grandes courses autorisées dans le monde amateur, en plus avec des navigations de nuit, c’est marquant. Après le report de la Cap-Martinique, c’était important pour nous de proposer un événement aux équipages. La Cap 45/11 est très bonne course d’entrainement car elle permet de s’approcher des conditions du Transat. C’est du vrai large, ce que l’on ne peut pas trouver sur des courses de 48h00. En plus, c’est un format novateur car les concurrents doivent couper la longitude 11° ouest. Il ne s’agit pas d’une bouée ou d’un waypoint à virer comme c’est le cas d’habitude. Cela change beaucoup de choses car les équipages choisissent le point où ils vont franchir cette ligne. Ils vont donc privilégier les allures rapides, quitte à rallonger un peu la route. C’est très stimulant car aucun système de routage ne permet de proposer la route optimale. Il faut faire beaucoup tourner les routages et ça dépendra beaucoup du feeling de l’équipage. Ça ouvre tout un tas de possibilités et ça ajoute une dimension d’aventure. »

Christian Dumard, routeur météo :

« C’est un parcours que chacun peut définir à sa guise, je trouve ça passionnant. Ils vont avoir un timing différent en fonction de leur vitesse et le point de passage peut être différent. Il n’y a pas de règle et ça n’est pas si simple. Cela demande plus d’initiatives et d’autonomie de la part des skippers. Le point de passage va dépendre de la situation ultérieure, lors de la fin de la course. On sait que le point optimal, pour la route la plus courte, se situe autour de 46 Nord mais, en fonction de la météo, il peut être beaucoup plus haut ou beaucoup plus bas. »

Alexandre Delemazure, concurrent : 

« Notre préparation a été très perturbée en raison du COVID. Nous étions en manque d’entraînements et cette course nous convient bien pour partir au large. J’adore ce concept que je trouve novateur et intéressant. Nous avons un bateau qui n’est pas le plus performant au près, nous allons donc aller chercher du reaching ou du portant pour exploiter au mieux son potentiel. Il va falloir passer du temps à la table à carte, aller chercher des fichiers météo. On va quand même passer 5 ou 6 jours sans voir la terre, croiser des cargos, c’est ce qu’il y a de plus proche d’une transat. »